Les chômeurs restent derrière. 

5h00 Des bus attendent devant l’école secondaire et les immeubles d’appartements délabrés. Un emmènera Nila à la capitale et un autre ses oncles à la mine de chrome. Ils laisseront cependant derrière eux les chômeurs dont le nombre augmente tous les jours depuis la chute du communisme.

10h30 Après avoir passé du temps avec ses amis, Ymer revient de Klas. C’est là qu’il a travaillé, où il connaît les gens et il vient tous les jours. On lui a promis de passer un concours pour enseigner la biologie et il attend. Ymer était respecté en tant que membre du parti et enseignant agronome. Il accepte difficilement d’être aujourd’hui qu’un simple agriculteur. Il ne veut pas non plus en être un. Vêtu de son costume et de son pull usé, il arpente les routes boueuses les mains dans son dos toujours bien droit. Il marche fièrement saluant les vieilles femmes dont les devoirs familiaux doivent garder les moutons ainsi que tout le monde qu’il croise. Il s’arrête pour parler à deux hommes qui viennent de dynamiter un gros rocher et de transporter les pierres pour construire leurs maisons. «Un certain progrès, mon père a dû transporter le rocher de la rivière dans la vallée », explique Ymer.

 

Moitié communiste et à moitié démocratique?

Et du travail, il y a depuis que la maison a été transformée en ferme pour que la famille puisse survivre. Desi, l’infirmière du village est maintenant agricultrice également. Avant d’être prête à servir les malades, elle doit s’occuper des animaux. Desi est déçu. Revenir dans cette sale ferme est pour elle revenir des années en arrière, comme si 40 ans de sa vie avaient été effacés. 

Aujourd’hui, Desi se sent perdue et seule. “A côté des malades, je ne rencontre plus les gens comme quand nous travaillions tous dans les coopératives.” Y a-t-il un moyen d’être à moitié communiste et à moitié démocratique? demande-t-elle. Dans sa cuisine, elle fait bouillir de l’eau sur le petit brûleur électrique posé sur le sol près de la porte. Elle doit stériliser les quelques aiguilles qu’elle a. Ils sont vieux, rouillés et sont utilisés depuis quelques années. Mais la vaccination des enfants est nécessaire dit-elle.

Le prix du pain a augmenté de 500%

13h00 Desi met la table pour elle et Ymer. Avril et mai sont les mois où elle a le moins de nourriture pour nourrir sa famille. Outre les morceaux de viande salée et les pommes de terre, il ne reste plus rien du bouillon d’hiver. Le jardin ne produit toujours pas la nourriture de cette année, le prix du pain a augmenté de 500% et le manque de sucre rend impossible la production de conserves et de confitures tout au long de l’année. Heureusement, la région de Mat est verte et privilégiée par rapport aux montagnes rocheuses sèches qui entourent la vallée. Bientôt l’été viendra à la rescousse et les arbres donneront aux Shahini des pommes figues, noix, raisins secs, poires, châtaignes, cerises et tous les légumes du jardin.

Beti suit les clôtures de branches érigées pour séparer les nouveaux terrains divisés du village et remis aux propriétaires d’origine. Cette politique post-communiste a transformé le pays. Il n’y avait pas de divisions pour les yeux mais une grande ferme. Ici, à Pllitchet, le centre de santé – ambulanca – a été repris par une famille qui affirme que le terrain sur lequel il se trouvait est le leur. La boulangerie a fermé ses portes et comme partout dans le pays, les bâtiments du gouvernement sont maintenant des squelettes. Cela laisse à Desi sans guère de ressources. Il lui reste une chaise et un lit dans sa cuisine, pour servir les malades.

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