Chandra Shekar CK’s family

Chandra Shekar CK ,  46 ans
Chowdamma, 38
Ysawathgowda, K.C.19
Danalakashmi, K.C. 15

Her sister’s children:
Keerthana, 9
Thorane, 7

2 boeufs
1 vache
1 veau
1 buffalo
3 chèvres
1 poule  et  6 poussins

Village Katte Doddi 
The 18 décembre 2015

1 h 45 – En pleine nuit, quand tout est silencieux, les murs ont des oreilles. Un ami de Shekar le sait. Il est ivre et commence à parler, à lui parler depuis la rue. Dans son lit, Shekar lui crie de rentrer chez lui.

5 h 30 Ils ont chanté un nouveau jour à chaque heure de la nuit, mais celui-ci, Chowdamma le sait, c’est le bon chant du coq. Elle se lève et, d’un ton aigu auquel aucun mur ne résiste, elle demande à sa maisonnée de se réveiller. D’abord à sa fille Danalakashmi : « Dana! Dana!  lève-toi ! ». Puis avec un pot d’eau, elle se dirige tout droit vers le pis de la vache attachée dehors. Quelques minutes plus tard, elle descend la rue avec son récipient de lait (voir photo). Chaque matin, l’usine effectue la tournée des villages et les villageoises de KatteDoddi fournissent 180 litres dans 4 bidons de lait. Chowdamma revient avec à la main le feuillet où elle garde la comptabilité de ses ventes. Ensuite, elle traie le buffle pour les besoins quotidiens de la famille.

Gowda préférerait vivre sans!

Tous les jours, avant leur départ pour l’école, Dana participe aux tâches  de la maison et Gowda de la cour. Gowda déplace les bœufs, les vaches et les veaux de leur abri de nuit à un emplacement se  trouvant à l’ombre de la maison. Il nettoie le fumier, le ramasse et l’apporte dans l’impasse de la rue. Il sera utilisé plus tard comme engrais. KatteDoddi, le village de 1300 habitants, a accepté de pratiquer l’agriculture biologique, au moins, pour l’essayer. Toutefois, il est connu que beaucoup ne collaborent pas avec l’organisation qui promeut une meilleure agriculture.

Gowda n’a d’outils que ses mains. Il remonte ses manches le plus haut possible et prend de l’herbe pour s’aider à ramasser le fumier. L‘expression de son visage suffit à exprimer le fait que cette activité le révulse un peu. Il semble vouloir oublier que dans la vache vivent des milliers de dieux qui nourrissent le peuple.

Si les enfants le font joyeusement, Gowda préférerait vivre sans cet honneur, ce privilège de ramasser le fumier à la main. Gowda rêve davantage de la distinction d’un travail à Bengalore.

Ah ! Vivre en ville !

Il étudie la technologie industrielle et aimerait réparer des ordinateurs… Mais, il traverse la rue et sort les buffles et les chèvres de la grange qu’ils partagent avec le frère de Chowdamma. Aujourd’hui Gowda n’ira pas à l’école afin d’aider à la récolte du paddy. (riz)

Tous les animaux sont attachés à leur poste quotidien. Herbe verte pour les deux veaux qui ont besoin de graisse sur leurs structures osseuses. Leur corde est courte et les jeunes ne semblent pas accepter un espace d’action aussi limité. Les vieux animaux ont démissionné. Comme Danalakashmi il semble.

Les portes fermées aux rêves.

Dana entame sa routine matinale. Ses pas ont l’énergie de quelqu’un qui s’est fermé aux rêves et qui s’est résigné. Elle nettoie la vaisselle de la veille au robinet de la rue et essuie le carrelage avant de prendre son petit-déjeuner et de s’habiller. Il lui restera quelques minutes pour étudier avant de partir pour l’école. Elle ne se révolte pas contre ces tâches. S’asseoir pourrait signifier une bonne raclée de sa mère. Dimanche, elle lavera les vêtements de la famille et frappera chaque vêtement sur le ciment rugueux avec la rage qui semble se développer parfois à l’adolescence

8 h 30: Chowdamma peigne les cheveux de Dana, assise sur les marches de la maison, profitant du soleil chaleureux du matin. Malgré les 20 degrés, les nuits sont considérées comme froides et les rayons du matin sont les bienvenus.

8 h 45: Le petit-déjeuner composé de Ragiball (ragiball minuscule ?) et de sambar – (hamli) est servi. Shekhar est assis au milieu de la pièce avec son beau-frère. Les deux enfants de Mahesha, Keerthana et Thorane, sont heureux de partager ce moment avec leur père. Il est venu pour aider à la récolte. Leur mère, la sœur de Chowdamma travaille dans une usine de confection à Bengarole et son mari Mahesha dans un hôtel. Ils n’ont pas de temps ni d‘espace pour leurs enfants. Depuis un an qu’ils sont là, les enfants espèrent que leurs parents seront installés et pourront les ramener avec eux. Une autre année encore peut-être

Chacun son dieu, chacun son karma.  (à inclure ou exclure du texte?)

Aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de temps pour la pièce pooja de la maison. La photo du père de Chandra Shekar CK est placée à côté de la divinité familiale Shiva. Le dieu de la maison les veillera quand même. Les dieux connaissent certainement le travail difficile qui doit être fait accompli ces jours-ci pour nourrir une famille dans les fermes en déclin de l’Inde. (shrinkingfarms) Chacun son dieu, chacun son karma, une des recettes de la tolérance du pays. (de la communauté hindoue?)

Ses parents décideront 

Quand on demande à Dana ce qu’elle veut faire après ses 10 ans d’éducation obligatoire, elle répond que ce sont ses parents qui décideront. Aura-t-elle le choix de son propre destin? Dana ne le sait toujours pas. Sa vie n’est pas entre ses mains. Quand elle ose parler, elle exprime qu’elle veut être médecin.

Ses parents déclarent qu’ils veulent une bonne éducation pour elle et qu’ils n’ont pas encore pensé au mariage de leur fille. Elle n’a que 15 ans et l’âge légal du mariage est de 18 ans. Afin de s’assurer que la loi soit appliquée, il est maintenant nécessaire de montrer son enregistrement de naissances avant le mariage. Cela a apporté un peu de répit aux filles souvent mariées trop jeunes.

Une jeune femme du village s’est suicidée il y a à peine trois mois. Pour souligner sa mort, il y avait justement hier une activité religieuse à l’endroit où  elle est morte. Personne n’ose parler de la raison de son suicide mais les rumeurs rapportent  que c’était une question d’amour par opposition à  un mariage arrangé.

Une raison personnelle qui ne peut pas être dite

Shekar dit qu’il aimait écrire de la poésie quand il était jeune et que son mariage en était un mariage d’amour. Il affirme aussi qu’il essaiera de satisfaire le désir de sa fille. Il veut une bonne éducation pour Dana et Gowda. Pour ça, il paie l’école privée. Lui-même ne voulait pas arrêter ses études en sciences sociales à l’université mais une raison personnelle en a décidé autrement et l’a ramené au village. La raison reste elle aussi sous silence. Tout ne se dit pas

Méditation scolaire du samedi

Sur le chemin de Halle Badnur et de l’école privée Sri VenkateshwarBidhya, le bus scolaire circule sur de petites routes, traversant les champs qui séparent des villages. On y trouve du ragi, de la soie, du riz et de la canne à sucre. Ce sont les terres humides du Karnataka.

Comme chaque samedi matin, à l’école, la journée commence par la méditation. Assis dans la cour les élèves s’assoient en ligne droite et répètent les mantras récités par un professeur. Ensuite, le directeur de l’école fait une puja (liens explicatifs) demandant la bénédiction de tous les élèves. « Ce moment de tranquillité les aide dans leur concentration et dans leur mémoire », déclare-t-il. Cela calmera peut-être le cœur de Dana et lui fera oublier le dernier passage à tabac et ses lourdes obligations.

Les milliers d’étudiants se dirigent vers leurs cours. Ils sont assis à l’étroit sur les longs bancs des salles surpeuplées. En dépit de leur désir, la plupart d’entre eux seront contraints ou obligés de cesser après 10 ans d’études obligatoires. Seuls 3% des étudiants indiens entrent aux études supérieures.

Que mangera l’Inde? – « La nourriture industrielle probablement. »

Le directeur continue en disant : « Ici, nous adorons Hannuman, nous pratiquons le Raja Yoga et donnons un enseignement culturel traditionnel et moderne. C’est nécessaire, dit-il, car dans les dix prochaines années, le style de vie des villages autour de son l’école n’existera plus. » Que mangera l’Inde alors? « De la nourriture industrielle probablement »… répond-il.

Après le départ des enfants, le silence tombe sur le village. L’électricité a été coupée. La KEB, la commission de l’électricité du Karnataka, gère l’électricité et la coupe lorsque la demande est trop importante. Si, à certains endroits, ils savent à quelle heure cela se produira, ce n’est pas le cas ici à Katte Doddi. Les coupes viennent au hasard

10 h  Un vendeur passe devant la maison avec son pousse-pousse (autorickshaw) garni de récipients en aluminium et de vaisselle. Chowdamma négocie un petit contenant en aluminium. Elle troque les cheveux de Dana et les siens, qu’elle ramasse tous les matins dans le peigne. Cent grammes de cheveux rapportent 300 cents roupies. Il n’y en a pas assez de contenu dans le sac en plastique qu’elle présente, alors elle regarde pour trouver des cheveux oubliés sur la poutre où elle les pose tous les matins. Finalement la transaction est accomplie.

Tous les ouvriers sont réservés aujourd’hui

Shekar a préparé le taureau et est allé sur le terrain avec son fils et son beau-frère. Chowdamma suivra plus tard, après le déjeuner. Elle n’a pas trouvé d’ouvriers. Ce sont ceux qui n’ont pas de terres et qui travaillent pour différents agriculteurs. Aujourd’hui, ils sont tous pris . Shekhar souhaite que les cinq voyages nécessaires pour ramener la récolte à la maison soient terminés d’ici la fin de la journée. Demain dimanche, il a loué le matériel pour séparer le grain de riz du paddy.

Ils entassent le chariot au maximum. Les pieds des bœufs s’enfoncent profondément et les bêtes tombent à genoux en essayant de faire sortir le chariot du terrain, les roues sont profondément enfoncées dans le sol mouillé par l’irrigation. Il leur faut accéder à la terre ferme. Shekar allège le fardeau sur leur cou bossu.  Accompagné des hommes qui hurlent, ensemble ils trouvent l’énergie nécessaire pour sortir le chariot du terrain et tire courageusement le riz à vers sa destination.

Le système du patrimoine traditionnel

11h. À la maison Chowdamma a mené les animaux au robinet pour boire. Elle peut aller aux champs. Les paddy récoltés sont couchés dans les champs et doivent être rassemblés en piles et attachés en paquet avant d’être placés dans les chariots. Elle le fera avec le mari de sa sœur. Shekar et son fils Gowda font l’aller-retou entre la maison et les champs.

Sous la chaleur de midi, le travail continue. Il est de plus en plus difficile de nourrir sa famille dans les champs de l’Inde aujourd’hui. Quand Shekar était jeune, sa famille avait 12 acres de terre. Cette terre a été partagée entre ses 6 frères lui laissant 2,5 acres. Pour de plus en plus de gens, la part de terre devient de plus en plus petite à cause du système d’héritage patrimonial traditionnel. Cela, ajouté à la fluctuation des prix sur le marché international, engendre également une insécurité croissante. Cette situation chasse les agriculteurs des champs. De plus en plus, les terres sont vendues pour la construction immobilière. « Gagner de l’argent ailleurs vous nourrira mieux que de travailler dans les champs, » disent les agriculteurs.

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Un fermier de la classe moyenne en Inde

En 2009, Shekar a remporté le « Prix du Meilleur Agriculteur ». Ceci lui a valu de se rendre dans les fermes du Tamid Nadu, l’état voisin. Là-bas, il a vu que les usines donnaient 3000 roupies par tonne de sucre. Ici dans la région, les agriculteurs demandent 2 800 mais les usines, qui sont contrôlées par le gouvernement et principalement possédées par les politiciens eux-mêmes, ne paient que 1 300 roupies. Surpris de différence est considérable entre le revenu payé aux agriculteurs par le gouvernement de  Katte Doddi et celui offert par les usines du Tamid Nadu. Frustrés d’avoir à se battre pour être payer, aujourd’hui les agriculteurs ne veulent plus de champs de sucre et choisissent plutôt la production de la soie.  La soie permet un revenu régulier versé mensuellement aux agriculteurs et pouvant fournir jusqu’à 10 000 roupies. Les paiements du riz et du ragi viennent après plusieurs mois de travail.  Le paiement du sucre viendra t-il? 

Avec ses 2,5 acres, Shekhar est considéré comme un agriculteur de la classe moyenne et c’est pendant les bonnes années qu’il a pu améliorer la vie de sa famille. L’année dernière, il a enfin acheté sa moto et fini le plancher de la maison de son père en tuiles brillantes. Cette maison traditionnelle (liens?) avait une ouverture dans le toit qui permettait de capturer l’eau de pluie pour les fins domestiques. Shekhar a bouché  le trou et ils ont maintenant une pièce familiale spacieuse.

Dana and the  9th standards revises the math class the mean deviation for grouped data and in social science they revise the structure of their government and that India is secular, democratic, sovereign, socialist and a welfare republic. Of the people, to the people for the people repeat the students. The teachers will not talk about the corruption which is part of the diseases plague of the country to which no one can imagine a cure. (corruption in India) 

14 h 30  Chowdamma va chercher le déjeuner (lunch) à la maison pendant que Gowda monte dans un cocotier pour revenir avec une noix pour chacun. Son corps est toujours en forme. Mais attention Gowda, les corps changent à la ville ! Peu d’exercices, l’amour et la fierté de la cuisine, et la quantité élevée d’amidon dans le régime est constaté dans les estomacs des citadins prédominants.

Marchant dans son champ, le portable à l’oreille, Shekhar répond aux demandes, résout les problèmes et planifie la journée de demain. « Avant, dit-il, lorsque nous devions aller chez les gens et prévoir.  Maintenant nous ne planifions plus. De plus en plus, tout est fait à la dernière minute et nous sommes de moins en moins concentrés. » 

Tout le monde travaille de plus en plus vite. Ils finissent la journée en nouant le dernier paquet de paddy mais ce n’est pas le dernier voyage. Ils devront revenir pour celui-ci à la première heure, avant que la  machine pour séparer le riz ne soit livrée à leur porte. Shekhar est pressé de vendre son riz. L’argent est nécessaire et c’est urgent !  Après-demain, Shekar va s’asseoir avec son conseiller, sortir les factures et discuter de ce qui a été payé et de ce qui reste à payer. Maintenant qu’il sait que son fils ne prendra pas la relève, il songe sérieusement à mettre ses propres intérêtd ans un autre domaine que l’agriculture.

 

Échanger des idées pour survivre

7 h Le Poojari sonne la cloche dans le temple du village. C’est juste derrière l’ashram que les gens se rassemblent pour des pujas spéciaux. Shakaret ses frères ont rendu possible la construction du bâtiment (décrit) en s’assurant qu’il s’agira de leur cimetière.

Après les averses et avoir laissé la vie à l’obscurité, Shakar ‘assoit au centre de la pièce avec son frère aîné. Ils échangent sur les différentes idées possibles pour survivre. Survivre, c’est ça leur vie maintenant. Peut-être un restaurant-hôtel sur la route entre Mandya et Mysore?

Après-demain, Shekar va s’asseoir avec son conseiller, sortir les factures et discuter de ce qui a été payé et de ce qui reste à payer.

It cannot continue this way. The brothers discuss and share ideas about what they should do next. A commerce on the main road between Bengalore and Mysore might be the only solution.

In exchange for paying for the village ashram, this is where the Shekar brothers will be buried.

 
 
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